Calais : un coin d’ombre sur la plage

Après la saison « immobilière », Aletheia Press poursuit ses investigations dans le Calaisis et aborde aujourd’hui une nouvelle étape via une étrange affaire. Une série de procédures avortées qui opposent le maire de Calais, Natacha Bouchart, à un militant bien connu des calaisiens : Pierre Taverne. Ce dernier ne manquait pas d’agonir la première magistrate de la ville des 6 bourgeois ainsi que ses proches, élus et autres. Natacha Bouchart l’avait attaqué en diffamation. L’été dernier, Pierre Taverne a répliqué judiciairement. Sa mort récente éteint un procès qui aurait pu écorner l’image de Natacha Bouchart.

Depuis des années, les calaisiens lisent la page Facebook d’un personnage notoire du territoire. A Calais, Pierre Taverne est connu comme le loup blanc. Ancien arbitre de football, membre et dirigeant de la ligue des droits de l’homme, un temps adhérent du parti socialiste, Pierre Taverne est mort le 12 février dernier des suites d’une longue maladie. Il avait échoué à présenter une liste pour les municipales de 2020 et lançait nombre de flèches contre Natacha Bouchart et ses proches.

Ces dernières lui avaient valu une plainte en diffamation du maire de Calais en août 2022 après une publication de sa part la mettant en cause : « Je confirme avoir déposé une plainte avec constitution de partie civile à l’encontre de Monsieur Taverne. Cette plainte visait un certain nombre de publications publiées sur sa page Facebook et que j’aie estimées, par leur contenu et leur répétition, diffamatoires et insultantes à mon égard. En revanche, cette plainte ne concernait en aucun cas les publications faisant référence au lampadaire situé devant mon domicile » nous a répondu Natacha Bouchart. C’est pourtant ce lampadaire qui nous intéresse.

Un lampadaire dangereux ?

Car Pierre Taverne, lui, avait bien engagé un recours en justice sur ce sujet. Dans un courrier adressé au juge d’instruction et au procureur de la République du tribunal judiciaire de Boulogne-sur-Mer, l’ancien militant écrivait : « j’ai l’honneur de porter plainte avec constitution de partie civile contre madame le maire de Calais Natacha Bouchart pour abus de droit, soustraction de bien de la collectivité, abus de pouvoir, prise illégale d’intérêt, voire trafic d’influence ou tout autre motif que peuvent caractériser les faits ».

Dans ce dépôt de plainte, Pierre Taverne raconte qu’en septembre 2022, le troisième lampadaire, « haut de 7 mètres », d’un bord de trottoir sur la plage a été enlevé et évacué par les services de la mairie. Pendant 10 mois traînent encore « des câbles apparents signalés par un cône rouge affublé de la mention Danger » ajoute-t-il. Cet éclairage public fait partie des équipements réalisés dans le cadre du récent projet de rénovation complète du front de mer.

Derrière ce lampadaire : la terrasse du domicile de Natacha Bouchart… Gène-t-il la vue ? Illumine-t-il le salon de la première édile de manière outrecuidante ? Que nenni réfute Natacha Bouchart : « S’agissant de ce lampadaire situé devant mon domicile, il a effectivement été retiré après que son état ait été jugé dégradé par les services municipaux. Ce candélabre a donc tout simplement été enlevé pour éviter qu’il ne tombe sur la voie publique ou sur des passants ».

Eviter toute pression locale

Cet argument a d’emblée été réfuté par Pierre Taverne : « si le pylône avait été endommagé lors d’un accident, il aurait été remplacé par l’assurance. S’il avait été défectueux, il aurait été remplacé par l’entreprise qui l’avait installé avec sa garantie sur les travaux effectués ». Avec son courrier de plainte, Pierre Taverne a envoyé quelques photos pour appuyer ses dires. Et racontait qu’un juge d’instruction de Nanterre instruisait sa plainte pour éviter toute pression locale.

Dans son dernier post sur sa page Facebook, Pierre Taverne posait une devinette à travers deux photos : un bras sortant d’une BMW, un artiste au nom évocateur… « Trouvez un élu calaisien » demandait le veux militant dans une ultime pirouette. Pierre Taverne n’a pas retrouvé le lampadaire de la plage mais, avant de plier bagage, il a éclairé un certain nombre de chemins.

Morgan Railane, directeur de la rédaction d’Aletheia Press

Rappel des différents épisodes sur la vie calaisienne