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Home L’INVESTIGATION

#2/4 – Toxicomanies et ruralités : Des réseaux adeptes des nouvelles technologies

Notre agence a enquêté pendant plusieurs mois sur la toxicomanie en milieu rural, notamment dans les Hauts-de-France et en Haute-Loire. La voici présentée en quatre volets, à paraître chaque vendredi. Ce second article aborde les réseaux.

Morgan Railane by Morgan Railane
2022-03-18
in Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, L’INVESTIGATION
#2/4 – Toxicomanies et ruralités : Des réseaux adeptes des nouvelles technologies

"Les trafiquants se sont aussi très bien adaptés aux nouvelles technologies : les vendeurs sont totalement adaptés aux réseaux sociaux " estime un procureur d’Auvergne.

Les phénomènes de toxicomanie dans les milieux urbains sont bien documentés par des chercheurs en sciences sociales, politiques, sanitaires, sous un angle juridique, ou encore sécuritaire. En revanche, le milieu rural n’a pas bénéficié d’une telle attention. L’enquête(1) qui suit, réalisée sur plusieurs mois et s’appuyant sur une trentaine d’entretiens(2) dans les Hauts-de-France, en Auvergne, et en Belgique  est une modeste contribution à la compréhension de ce phénomène. Dans ce second volet, nous nous intéressons aux modes d’approvisionnement et aux réseaux.

  • « On la coupe avec de la caféine blanche, de la maïzena, du bicarbonate »
  • « C’est une plante, cela fait bio »
  • La Poste, plus gros livreur de France ?
  • Des cultivateurs pour leur consommation propre

 

« On la coupe avec de la caféine blanche, de la maïzena, du bicarbonate »

A chaque produit son profil de consommateurs, comme nous l’a expliqué Xavier (1) , consommateur et vendeur, dans le premier volet de cette enquête. Mais aussi à chaque produit son prix. « Le MDMA, c’est 30 euros le gramme ; le speed à 1 800 euros le kilo, y a deux ans. L’ecstasy c’est 5 euros pièce ; 10 euros pour 3 boîtes. Pour 60 euros, t’as 10 grammes de Speed. La coke, ça descend à 38 euros à Calais. Paris, c’est le double. Tu la touches à 30 balles à Roubaix. Mais en général, la Coke ça va entre 50 et 80 euros le gramme. Avec un kilo de speed, tu en fais 3. Avec un gramme, tu fais 5 Traces. On la coupe avec de la caféine blanche, de la maïzena, du bicarbonate (on coupe la coke aussi avec ça). Avec l’ammoniac, tu fais du crack ».

Xavier poursuit dans sa description du réseau : « Ça se passe en campagne ; entre Audruicq, Ghyvelde et Hondschotte. Chaque cam a sa clientèle entre ceux qui font la teuf et ceux qui travaillent. Le speed, c’est la coke du pauvre. Pour le transport en véhicule, c’est les Allemands. La Coke, c’est les Belges et les Hollandais ».

Bien qu’ayant opéré dans le trafic transfrontalier, Xavier affiche une limite : « L’héroïne, on touche pas. On faisait tout ensemble : approvisionnement, répartition, consommation. Quand on commandait 500 doses, on nous en livrait parfois 2 000. Pour nous faire vendre. Ça vient de communes rurales près de la frontière belge. De la campagne vers les villes. Avec des points d’éclatement ».

« C’est une plante, cela fait bio »

Un constat complété par un Commandant de Gendarmerie, le long de la côte d’Opale : « Ici, on est au carrefour entre Lille, la Côte d’Opale, Dunkerque. Les trafiquants sont souvent des « adulescents » pour qui c’est leur travail. Eux-mêmes sont les enfants de couples qui émargent aux services sociaux.

On a aussi des trafiquants dangereux qui ne craignent pas de faire de la détention parce qu’ils ont un business organisé qui va tourner pendant leur peine. Des gens violents : on a eu le cas d’un kidnapping à Longuenesse. Ça a commencé par un signalement de disparition. Les gens se cachaient parce qu’ils avaient peur. On a eu quelqu’un dans la forêt, attaché à un arbre et à moitié torturé parce que les trafiquants pensaient qu’il leur avait pris leur argent. Nous sommes aussi confrontés aux trafics sur les réseaux sociaux. Mais les revendeurs sont beaucoup plus prudents aujourd’hui.

Aujourd’hui, dans l’Audomarois, on trouve plus facilement de l’héroïne (de la brune à 12 euro/g) ou de la coke (entre 50 et 60 euros/g) que de la résine de cannabis (entre 7 et 10 euros/g). Celle-ci a été remplacée par l’herbe qui bénéficie d’une meilleure image : produit naturel, c’est une plante. Ça fait bio… La dernière héroïne qu’on a trouvée était coupée au ciment… 10 euros les 3 cachets d’ecstasy dans l’Audomarois. 30 euros le caillou ? Je n’en ai encore pas vu ici. »

La Poste, plus gros livreur de France ?

Les douanes sont conscientes qu’une partie probablement très importante des trafics se fait « en distanciel » . (Pixabay)

Nous interrogeons également un sexagénaire qui a rempli de nombreuses fonctions en France métropolitaine et notamment dans des secteurs transfrontaliers. Ce cadre fait partie de la direction interrégionale des Douanes des Hauts-de-France qui pilote près de 1 500 agents. Les douanes sont conscientes qu’une partie probablement très importante des trafics se fait « en distanciel » : « On travaille aussi sur les réseaux sociaux : il existe une structure Cyber au niveau national. Nous ne faisons pas de renseignement au niveau régional. Sauf exception. On fait autrement. On peut dire qu’il y a une explosion de la livraison de stupéfiants via la Poste et les autres opérateurs par le web. Et du Dark web. On en retrouve tous les jours un volume significatif. Un livreur qui a 40 secondes pour livrer son colis n’a pas le temps de se rendre compte de quoi que ce soit… A la poste, c’est des milliers et des milliers de colis qui sont triés chaque jour. Ça passe comme ça. Même l’herbe (qui sent très fort) passe : les trafiquants mettent l’herbe dans des sachets thermosoudés sous vide. Pas d’odeur. Et puis dans la livraison, vous êtes un anonyme parmi d’autres. »

Il existe une organisation souvent spécifique au milieu rural, estime un procureur d’Auvergne. « On n’a pas de tours d’immeubles et des guetteurs autour. Ça se déroule à domicile même s’il y a aussi des transactions qui se font dans la rue. Les trafiquants se sont aussi très bien adaptés aux nouvelles technologies : les vendeurs sont totalement adaptés aux réseaux sociaux. Il y a des points de rendez-vous qu’on décèle très bien avec les écoutes. On sait aussi exploiter les téléphones qui sont saisis. Pour ce qui nous concerne en Haute-Loire, on en reste aux écoutes. Il n’y a pas de surveillance des RS. »

Des cultivateurs pour leur consommation propre

On constate également un phénomène difficilement quantifiable : le consommateur de cannabis qui cultive ses plants pour lui-même. (Pixabay)

On constate également un phénomène difficilement quantifiable : le consommateur de cannabis qui cultive ses plants pour lui-même. Direction le Calaisis, dans la campagne de l’arrière-pays où nous rencontrons Stéphane(2). Quadragénaire, patron d’une TPE dans le secteur des services, il vit à la campagne avec son épouse et ses 3 enfants, dont un adolescent. Consommateur depuis ses études, Stéphane fume du cannabis qu’il cultive dans le jardin de sa propriété.

Il nous explique son process : « Je fais ça avec des graines trouvées dans des paquets d’herbe que j’ai achetés dans la rue. Parfois il y a 10 ans. Les plantes ici ne donnent pas souvent de graines. Tu plantes un semis comme tu planterais n’importe quoi d’autre. A 1,5 mètre de distance entre les plantes. En pleine terre avec du produit anti-limaces au départ. Ensuite, tu regardes pousser… Pas besoin d’engrais, ni d’arroser. Il faut planter entre fin avril et début juin. Cinq à six mois après, la récolte est là. On coupe les grandes tiges, puis les feuilles. On sèche les branches avec les feuilles. Une tige sur deux par plante. Trois semaines après, tu fumes… En 2021, j’avais pas encore remis le chauffage en septembre au moment de la récolte. Ça a été un peu plus long à sécher. »

Stéphane n’a pas toujours été un producteur. Avant il se fournissait dans la rue. Il poursuit : « Je le fais depuis 10 ans. Une des raisons pour lesquelles je plante, c’est la mauvaise qualité qu’on trouve à l’extérieur. Avant, l’herbe était trop forte quand je l’achetais dans la rue ; c’est pour ça que j’ai voulu planter. En plantant, j’ai vu la différence. Elle est beaucoup moins forte. Et puis je ne voulais plus acheter à des gamins de 14 ans à la ZUP… Non. Certains ont l’âge de mon aîné. ».

Consommateur confirmé et partageant sa production avec quelques amis sans échange marchand, Stéphane a intégré sa production et consommation dans son mode de vie ; sa cave accueille la production. Désormais, il a une vision précise de sa production et de sa consommation. « Aujourd’hui, [ce que je produis], c’est 100 % de ma consommation. J’ai une réserve de 30 % de ce que je consomme à l’année. Une plante, ça peut aller jusqu’à 600 grammes. Ça fait deux boites à chaussures ! Cette année, j’ai fait deux plants. Mais je suis déjà monté à 6… Ça m’a fait 2 kilos ! J’ai partagé avec un pote. On a fumé les 6 plantes pendant deux ans ! La difficulté, c’est de trouver les graines. »

Loin du milieu de la délinquance, Stéphane est dans une posture de consommateur « raisonné » : un joint ou deux le soir. Jamais dans la journée. Son budget est quasiment inexistant hormis son achat épisodique de graines. Avec 3 amis aux alentours, il forme un petit groupe qui ne dépend quasiment pas du milieu délictuel des drogues. Installé dans une situation qu’il n’estime ni dangereuse, et ne portant préjudice à personne, il ne pense pas cesser un jour sa consommation.

(Pixabay)

Nous discutons longuement avec un commandant de gendarmerie de Haute-Loire. Très expérimenté, l’officier commande une équipe de 9 personnes dans le nord du département « Il y a pas mal de plants dans la nature. Pas trop pour la vente mais pour des consommations personnelles. Dans le jardin, sur les balcons, au milieu des plants de tomates. Y en a un qu’on a tapé en 2020 : il le prenait en infusion pour calmer les douleurs de son dos, il avait une hernie discale. On en fait quelques-uns par an au maximum. L’année dernière, mon équipe et moi, on en a fait 4 ou 5. Le matériel est commandé à l’étranger par souci de discrétion : éclairage, engrais, graines. L’été, on travaille beaucoup plus en termes de stupéfiant ».

Du côté de la direction interrégionale des Douanes des Hauts-de-France, notre interlocuteur considère que l’autoproduction reste marginale. « On a fait 200 plants d’herbe. Dans une camionnette, lors d’un simple contrôle. Ça faisait deux ans qu’on n’avait pas fait ça. Quand j’ai commencé y a 33 ans, j’en ai fait aussi dans l’Aisne. En plein milieu des champs. On n’a pas de chiffres sur les productions locales : c’est très rare qu’on en fasse. Si le plant ne donne pas de graine, c’est parce que la plante est génétiquement modifiée. C’est la même logique que le capitalisme. »

Il existe néanmoins des productions en milieu urbain de type industriel. A Roubaix et Douai, plusieurs affaires ont défrayé la chronique avec plusieurs centaines de plants dans des lieux désaffectés. La consommation d’électricité (pour les lumières servant à la pousse) demeure souvent la trace d’une activité anormale.

Morgan Railane

  • (1) Remarque : l’enquête ne prend en compte que les produits stupéfiants illégaux, soient : résines de cannabis, herbe, champignons hallucinogènes, Ecstasy, Speed, MDMA, cocaïne et dérivés, opiacés et dérivés
  • (2) Outre le droit de protection des sources nous avons choisi de rendre anonymes tous les entretiens pour deux raisons : le confort des personnes dans leur prise de parole et la demande d’une très large partie d‘entre eux.

 

Tags: drogueEnquêteRuralitéstupéfiantToxicomanietrafic
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